Déserts médicaux dentaires : quelles solutions ?
Quelles sont les conséquences du désert médical des dentistes ?
Mis à jour le : 12 mars 2024
L’accès aux soins dentaires est un enjeu de santé majeur. Paradoxalement, les déserts médicaux dans le domaine de la médecine dentaire sont une réalité en France. L’exode rural n’épargne pas la profession. Plus inquiétant encore, des cabinets dentaires ferment dans certaines villes où les nouveaux praticiens ne viennent plus s’installer. Ainsi, la répartition des dentistes sur le territoire français est encore plus inégale que pour les médecins généralistes. En poursuivant la tendance actuelle, on estime que 14 % des dentistes peineront à trouver un successeur. Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelles sont les solutions pour pallier à la désertification des professionnels de la santé bucco-dentaire ? OSDT fait le point.
Désert médical : de plus en plus difficile de trouver un dentiste
Selon le site de la Direction de l’information légale et administrative (DILA), il faudrait prévoir en moyenne 28 jours d’attente pour un rendez-vous chez un chirurgien-dentiste. Au-delà des délais de plus en plus longs, la couverture géographique des prestataires de soins dentaires s’amenuise également au fur et à mesure des années. En ces temps, mieux vaut ne pas souffrir d’une rage de dent au risque de devoir faire le tour de la ville à la recherche d’un dentiste en urgence. Pourtant, certaines interventions dentaires doivent être faites dans les plus brefs délais.
La désertification des professionnels dentaires ne date pas d’hier. Le problème a déjà été soulevé à l’occasion de débats nationaux dans les années 2000. Depuis, la densité des chirurgiens-dentistes est en diminution constante avec une baisse de 1 % par an en moyenne (1). Aujourd’hui, la situation semble s’empirer, au point d’assister dans certaines régions de France à une véritable pénurie. Dès lors, plusieurs initiatives, collectives ou individuelles tentent d’apporter des solutions concrètes à cette crise, que ce soit avec la création de nouveaux centres dentaires comme ici dans la commune du Reims, grâce à des dispositifs de subvention étatique (CESP) ou encore par le biais des associations comme la Croix-Rouge.
Comment s’explique la « crise des dentistes » ?
Le manque de dentistes et par extension, le manque d’accessibilité aux soins dentaires, s’explique principalement par 3 facteurs :
- Le vieillissement des praticiens en activité. Plus de 50 % des dentistes français sont proches de l’âge de la retraite. 50,8 % d’entre eux ont plus de 50 ans et 7,1 % plus de 65 ans.
- La relève reste timide. Malgré la demande, le nombre de chirurgiens-dentistes fraîchement diplômé n’a pas assez augmenté. Le métier de dentiste n’attire pas assez de prétendants, à cause notamment à la complexité des études et de leur prix.
- Une grande disparité géographique. Les 40 000 chirurgiens-dentistes qui exercent en France, à 90 % en tant que profession libérale sont inégalement répartis sur le territoire en fonction de la densité de la population. Par exemple, on dénombre à Paris environ 150 dentistes pour 100 000 habitants, ce qui loin d’être le cas en Normandie où la population ne dispose que de 30 praticiens pour 100 000 habitants.

Ainsi, le nombre de dentistes en France ne répond pas de manière optimale à la demande de soins. Ce problème pourrait même s’aggraver au cours des dix prochaines années malgré l’ouverture de nouvelles écoles dentaires et l’arrivée de nouveaux dentistes sur le marché du travail.
Quelles sont les conséquences du désert médical des dentistes
Les maux de dents douloureux sont l’une des principales causes d’absentéisme à l’école et au travail. Par ailleurs, les dents cariées et manquantes peuvent également avoir un impact sur votre évolution professionnelle.
Non seulement les problèmes dentaires non traités peuvent être douloureux, mais ils peuvent aussi entraîner des affections dangereuses, voire mortelles. Les bactéries des abcès peuvent se propager dans l’organisme et entraîner des maladies cardiaques, comme des infections graves.
Si ces quelques exemples mettent en évidence l’importance de pouvoir bénéficier de soins dentaires, il ne faut pas oublier que les consultations régulières chez le dentiste sont aussi primordiales dans le bon suivi de votre santé bucco-dentaire. Cependant, encore très peu de patients ont le réflexe d’inscrire leur contrôle de routine dans leur agenda, notamment à cause des contraintes de déplacement et de temps que peuvent représenter un simple RDV chez le dentiste.
Quelles sont les solutions mises en œuvre pour lutter contre la désertification des professionnels dentaires ?
Face à ce constat, plusieurs projets souhaitant améliorer l’accès aux soins dentaires à la population voient peu à peu le jour. Par exemple, la Croix-Rouge a lancé une unité mobile dans l’Ain, et un “bus social solidaire” circule dans la région parisienne pour venir en aide aux migrants et aux sans-abris.
Les solutions mises en place par l’État
Pour tenter de palier à ces déserts médicaux, des mesures ont été prises afin d’inciter les jeunes chirurgien-dentistes à s’installer dans les zones sous-dotées.
Le Contrat d’Engagement de Service Public (CESP), créé par la loi “Hôpital, patients, santé, territoires” (HPST) du 29 juillet 2009 (2) permet aux étudiants retenus pour ce contrat de percevoir une allocation mensuelle de 1 200 € en contrepartie d’un engagement à l’installation dans une zone sous-dotée au terme de leurs études. Les zones éligibles à ce dispositif sont établies par l’ARS et correspondent aux secteurs où la continuité des soins dentaires est menacée. Après leur installation, les jeunes chirurgiens-dentistes doivent exercer dans la zone de leur affectation autant de temps qu’ils ont perçu l’allocation avec un minimum de deux ans. Ils bénéficient également d’un accompagnement individualisé pendant leur formation ainsi que d’un soutien durant leur période d’installation.
“Les avantages du CESP sont nombreux. Cela va de la rémunération pendant nos études à la liberté d’installation dans un large choix de zones éligibles et la possibilité de changer de zones si on le souhaite. Il y a aussi le fait de pouvoir choisir de s’installer ou d’être en collaboration. L’inconvénient est l’obligation d’honorer le contrat immédiatement à la fin des études, et non dix ans après par exemple. Je ne vois pas d’autres d’inconvénients, tout dépend surtout des choix de vie de chacun… D’un point de vue familial, si l’on rencontre entre temps une personne qui ne peut pas nous suivre là où l’on s’est engagé, ça peut être problématique (…).”
Dr. Romain Bacrie, Praticien à Saint-Céré (3).
Sources et informations complémentaires
- Les dentistes aussi désertent certaines régions : sante.lefigaro.fr
- LOI n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires : www.legifrance.gouv.fr
- Jeunes praticiens et déserts médicaux : www.information-dentaire.fr